KELEIR BRO

S A N T E C

Les

Echos de Santec

AUX ORIGINES

ST HIEC

"En la paroisse de Saint Pierre, est une cornière de terre jadis attachée à la terre, maintenant séparée par le flux de la mer, appelée " ILE HIEC ", où il y une petite chapelle dédiée à Mr St Hiec- (1625 G 53).

Cette chapelle, dit Mr Peyron, est encore appelée Hyec, ou Hyrer, ou Yec, et sans doute que le nom actuel de l'Ile Siec vient de ce que sur les cartes on n'aura pas mis un point(.) entre S et le nom du saint "Yec".

Les Sieurs des Jacobins y avaient droit de prééminence à cause de leur manoir de kemprat."

(cf. Mr Peyron, "cathédrale de St Pol " p. 183)

C'est sans doute cette petite chapelle de St Hiec qui a été le premier lieu de culte sur ce territoire, et qui a donné son nom à la paroisse actuelle, car l'écriture a dû évoluer à travers les siècles : la langue de nos lointains ancêtres devait être plutôt le Celte, si bien que " San Hiec " a pu s'écrire "San Yec", puis "San iec, et devenir "Santec".

Ce saint home, Hiec, qui était-il ? Peut-être un ermite venu vivre seul, dans la prière, sur cette pointe de terre, loin de toute habitation ?
OÙ trouver des restes de cette petite chapelle "dédiée à Monsieur Saint Hiec" .?
Beau travail en perspective pour un chercheur passionné

Inondation de Sable (EN 1666)


(D'APRÈS LES ÉCRITS DE BUFFON 'MATIÈRES GÉNÉRALES', TOME 1, PAGE 311)

"Aux environs de Saint-Pol-de-Léon, en Basse-Bretagne il y a sur la mer un canton qui, avant l'an 1666, était habité et ne est plus à

cause d'un sable qui le couvre jusqu'à une hauteur de plus de vingt pieds, et qui s avance et gagne du terrain.

A compter de 11 époque marquée, il a gagné plus de six lieues, et il n'est plus qu'à une demi-lieue de St-Pol ; de sorte que, selon les apparences, il faudra abandonner cette ville.

Dans le pays submergé, on voit encore quelques pointes de clochers et quelques cheminées qui sortent de cette mer de sable. Les habitants des villages 'enterrés ont eu du moins le loisir de quitter leurs maisons pour aller mendier.

C'est le vent d'Est et du Nord qui avance cette calamité : il élève ce sable qui est très fin, et le porte en si grande quantité et avec tant de vitesse que Mr DESLANDES, à qui l'Académie doit cette observation, dit qu'en se promenant en ce pays-là pendant que le vent charriait, il était obligé de secouer son chapeau et son habit, parce qu'il les sentait appesantis.

De plus, quand ce vent est violent, il jette le sable pardessus un petit bras de mer jusque dans Roscoff, petit port assez fréquenté . Par les vaisseaux étrangers. M sable s'élève dans les rues de cette bourgade jusqu'à deux pieds, et on l'enlève par charretées. On peut remarquer en passant qu'il y a dans ce sable des parties ferrugineuses qui se reconnaissent au couteau aimanté.

L'endroit de la Cote qui fournit tout ce sable est une plage qui s'étend depuis St-Pol jusque vers Plouescat, c'est-à-dire un peu plus de quatre lieues, et qui est presque au niveau de la mer lorsqu'elle est pleine. la disposition des lieux est telle qu'il n'y a que le vent d'Est ou de Nord-Est qui ait la direction nécessaire pour porter les sables dans les terres.

Il est aisé de concevoir comment le sable porté et accumulé par le vent en un endroit est repris ensuite par le même vent et porté plus loin, et qu'ainsi le sable peut avancer en submergeant le pays, tant que la minière qui le fournît en fournira de nouveau ; car, sans cela, le sable en avançant diminuerait toujours de hauteur et cesserait de faire des ravages. Or il n'est que trop possible que la mer jette ou dépose longtemps du nouveau sable dans cette plage d'où le vent l'enlève ; il est vrai qu'il faut qu'il soit toujours aussi fin pour être aisément enlevé.

Le désastre est nouveau, parce que la plage qui fournit le sable n'en avait pas encore une assez grande quantité pour s'élever au-dessus de la surface de la mer, ou peut-être parce que la mer n'a abandonné cet endroit et ne l'a laissé découvert que depuis un temps : elle a eu quelque mouvement sur cette cote. Elle vient présentement dans le flux une demi-lieue au-dessous de certaines roches qu'elle ne passait pas autrefois".

En 1699, un vent de Nord-Ouest accompagné d'un affreux ouragan souleva le sable de la grève qui, à l'Ouest de la ville de St-Pol-de-Léon, engloutit en peu de jours près de 500 journaux de terres cultivées, ainsi que des métairies et leurs habitants, et le manoir 1 de Brigné appartenant au Sieur de la Sauldray. Il ne reste aux survivants d autres ressources que la mendicité.

Les Etats de Bretagne, instruits de ces désastres, cherchèrent les moyens d'y apporter un prompt remède. Des ingénieurs furent chargés d'examiner ces moyens : ils furent simples et peu coûteux relativement à l'importance de l'objet.

On construisit sur le rivage que la mer ne couvrait pas dans ses plus fortes marées une digue de genêts repliés en demi-cercle, et cet expédient eut tout l'effet qu'on en attendait. A mesure que le sable venait à couvrir cette digue, on en formait une autre au-dessus de la précédente, et l'opération était renouvelée tous les ans avec un égal succès. Un fond annuel de 12 à 15 livres était affecté à ces travaux.

1 Il fallut sévir avec rigueur contre les habitants qui eussent pu contrarier ces efforts et ces sacrifices.

L'arrêt du parlement du 12 juin 1758 devait y pourvoir : on défendit aux riverains de "laisser vaguer leurs bestiaux" dans les terres ensablées et d'arracher les herbes qui y croissent, sous peine de 500 livres d'amende, 24 heures de prison, et en cas de récidive le carcan. Les riverains étaient, en outre, tenus, d'entretenir les fossés des terres qui bordaient les sables, et de les ensemencer de Landes, avec défense de les couper, sous même peine."

Le rapport ci-dessus de Buffon ne parle pas uniquement de Santec, qui n'est d'ailleurs pas nommé, mais de toute la côte depuis Plouescat jusqu'à Roscoff. Voici maintenant le texte d'un manuscrit d'un prêtre de Santec, quelques années plus tard :

'Les historiographes apprennent que dès avant 1666, les habitants de Santec furent obligés d'abandonner leurs maisons pour n'être pas ensevelis dans l'inondation de sable charrié par l'impétuosité du vent. Les églises et les villages entiers furent ruinés' et enterrés sans le sable.

Cet événement fit de si grands progrès que, suivant les relations de Mr Buffon dans son histoire naturelle, si le sable eut continué à gagner, il y avait à craindre qu'il fallut aussi abandonner la ville de Saint Pol.

A la demande de Mgr GOUYON, évêque de Léon en 1745, les Etats de Bretagne firent venir des ingénieurs pour y pourvoir, et la calamité s'arrêta.

Maintenant le pays de Santec se repeuple ; l'agriculture y prend vigueur ; on cherche des titres pour rentrer dans d'anciens héritages disparus ".



N.B : L'inondation de sable ne s'est pas faite d'un seul coup, mais par des tempêtes successives depuis 1666 jusqu'à 1750 environ, époque où l'on a enfin

trouvé le moyen de stabiliser les dunes.